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Au service du handicap, Eppur lève 1,2 million d’euros

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Au service du handicap, Eppur lève 1,2 million d’euros

La start-up lilloise réunit quatre investisseurs pour accompagner le développement industriel et commercial de son système de freinage pour fauteuils roulants. Un coup d’accélérateur décisif pour une paire de roues révolutionnaire.

Ce n'est ni de la high-tech numérique, ni une solution miraculeuse pour la planète. Juste de la mécanique de précision. La start-up Eppur vient de lever 1,2 million d'euros pour poursuivre le développement de son système de freinage pour roues de fauteuils roulants.

« C'est en voyant une personne se brûler les mains en descendant une pente avec son fauteuil que je me suis posé, pour la première fois, la question du freinage », se souvient Colin Gallois, président (CEO) d'Eppur.

Avec son ami, et aujourd'hui associé et directeur technique (CTO), Lancelot Durand, il a développé un système de roues, baptisé Dreeft, adaptable sur tout fauteuil et doté d'une main courante indépendante de la roue elle-même. D'un simple geste vers l'avant ou vers l'arrière, l'utilisateur peut désormais propulser ou stopper son engin sans risque de brûlure ou de traumatisme et « avec cinq fois moins d'efforts », selon Lancelot Durand.

Bientôt quatre recrutements

« Car près de 35 % des paraplégiques souffrent de troubles musculosquelettiques de l'épaule après six mois d'utilisation d'un fauteuil », explique encore Colin Gallois. L'invention des deux jeunes ingénieurs peut donc intéresser jusqu'à 65 millions d'utilisateurs de fauteuils roulants manuels à̀ travers le monde (370 000 en France).

Deux ans après sa création, la start-up, qui a remporté de nombreux prix dans des concours d'innovation - dont celui de La Tribune - réalise sa première levée de fond. « Nous avons prévendu 80 paires de roues », assure le CEO. Et même si celles-ci sont déjà fabriquées - « en France », précise Lancelot Durand -, cette levée de fonds d'amorçage va permettre de passer à la vitesse supérieure.

« Nous avons quatre objectifs : agrandir l'équipe qui doit passer de cinq à neuf personnes dont trois commerciaux ; financer la production des stocks nécessaires à nos distributeurs ; lancer une étude clinique en vue d'une prise en charge par la Sécurité sociale ; et continuer d'investir en recherche et développement... »

« Ambition, humilité et ténacité »

Des perspectives qui ont su convaincre, voire enthousiasmer, quatre investisseurs désormais partenaires d'Eppur. « En tant qu'acteur de santé très attaché à la qualité de vie des personnes, notamment en situation de handicap, c'est tout naturellement que Santélys a souhaité soutenir Eppur et accompagner son développement », déclare Maryse Vanneste, directrice Projets de développement et d'innovation de l'association spécialiste de la santé à domicile.

Pour Hervé Vanderhaegen, directeur d'investissement d'IRD Invest, « Eppur va changer le monde en réinventant la roue de fauteuil roulant. Et ce beau projet, plein de sens, est porté par deux jeunes qui réunissent les qualités que nous recherchons : ambition, humilité et ténacité. »

Des qualités qui ont également séduit Angels Santé. « Un projet innovant et unique, protégé par un brevet et porté par une équipe qui nous a impressionnés par son expertise, son engagement et sa capacité à appréhender le marché », apprécie Valérie Vocanson, membre de ce réseau de business angels.

Bientôt les Jeux paralympiques

Quant à Antoine Proye, il est le père d'une jeune fille en situation de handicap et utilisatrice de fauteuil roulant. « En découvrant Eppur, je me suis instantanément posé cette question : pourquoi n'y ai-je pas pensé avant ? Plutôt que de ressasser le passé, j'ai souhaité participer à cette aventure pour permettre de démocratiser cette innovation », témoigne le quatrième investisseur de ce premier tour de table de la start-up lilloise également soutenue par la banque publique d'investissement Bpifrance.

Grâce à cette levée de fonds, Dreeft sera distribué « dans près de 100 points de ventes en France, dès le début de l'année 2023 », affirme Colin Gallois. Son prix de vente : 1 990 € pour la paire de roues. Testées et approuvées par les professionnels dans « plus de 20 centres de rééducation » en France, les roues Dreeft visent pourtant déjà plus loin. Les deux jeunes entrepreneurs se promettent en effet d'équiper des athlètes internationaux à l'occasion des Jeux paralympiques de Paris en 2024.

 

Lien de l'article : https://www.latribune.fr/supplement/la-tribune-now/au-service-du-handicap-eppur-leve-1-2-million-d-euros-942418.html