Dans le cadre de la Saint-Valentin, Access First, société spécialisée dans la mise en accessibilité numérique, publie une étude sur l’accessibilité numérique des applications de rencontre au regard du handicap.
À l’occasion de la Saint-Valentin, la société Access First publie une première étude annuelle sur l’accessibilité numérique des applications de rencontres au regard du handicap.
Pour cette entreprise experte de la mise en accessibilité numérique, le constat est sans appel : garantir l’accessibilité des utilisateurs en situation de handicap n’est pas au menu des priorités pour les gestionnaires de sites et applications de rencontres.
Après avoir mené son enquête auprès des principales applications mobiles de rencontres – Adopte, Bumble, Fruitz, Happn, Meetic, Tinder – Access First conclut même en parlant d’un « manque de considération criant pour les besoins des utilisateurs en situation de handicap ».
Nous vous proposons de découvrir ici les principaux résultats qui sont ressortis de cette étude. À noter qu’Access First s’est basée sur quatre critères essentiels à l’accessibilité de ces plateformes : la présence d’une section d’aide/accessibilité, l’utilisabilité au clavier, l’utilisabilité au lecteur d’écran et la gestion des contrastes et des tailles de texte.
Présence d’une section d’aide/accessibilité – Aucune des 6 applications de rencontres étudiées ne dispose d’information utilisable sur son accessibilité.
Concernant l’existence d’une section accessibilité, qui doit indiquer les dispositions prises pour rendre l’application accessible, les éventuels manquements, indiquer les voies de recours et un canal d’échanges dédié à l’accessibilité. Access First rappelle qu’en France, selon la réglementation, elle est obligatoire pour les applications mobiles depuis juin 2021. Ainsi, une fonctionnalité d’aide, ou un moyen de contact dédié, peut également être utile aux personnes en situation de handicap qui ont besoin de renseignements, ou d’assistance en lien avec un problème d’accessibilité.
Or, l’enquête démontre que parmi les 6 applications de rencontre étudiées, aucune ne dispose d’une page d’aide ou d’information sur son accessibilité, ni de moyen de contact dédié et utilisable par une personne en situation de handicap visuel. Cela caractérise généralement une absence totale de prise en compte du sujet de l’accessibilité.
Utilisabilité au clavier – Une seule application de rencontres peut être utilisée au clavier pour les fonctionnalités les plus essentielles.
Alors que certains handicaps physiques, visuels, et cognitifs, rendent l’utilisation des dispositifs tactiles difficiles, voire impossibles, Access First s’est ensuite penchée sur l’utilisabilité au clavier, un moyen utilisable pour contourner cette limitation. D’autant plus que les applications fonctionnant au clavier sont généralement également utilisables via des dispositifs alternatifs, tels que les tiges, les contacteurs, les systèmes de contrôle vocal, l’eye-tracking, etc.
Mais hélas, parmi les 6 applications étudiées, une seule (Adopte) peut être utilisée au clavier pour les fonctionnalités essentielles, quoiqu’avec des limitations malgré tout. Les autres applications du panel présentent toutes des obstacles bloquants pour ce mode d’utilisation.
L’Utilisabilité au lecteur d’écran – Une seule application de rencontre peut être utilisée au lecteur d’écran pour les fonctionnalités les plus essentielles.
En parallèle, Access First s’est également intéressée à l’utilisabilité au lecteur d’écran, rappelant que les lecteurs d’écran sont des logiciels qui permettent de consulter une interface au moyen d’une synthèse vocale ou d’un afficheur braille. Ils sont utilisés principalement par les personnes aveugles et très malvoyantes, mais également par certaines personnes avec des troubles cognitifs pénalisant la lecture visuelle. Tous les appareils mobiles, qu’ils soient sous Android ou iOS, présentent cette fonctionnalité en standard.
Résultat : sur les 6 applications étudiées, une seule (Meetic) peut être utilisée avec un lecteur d’écran pour les fonctionnalités essentielles, bien que la qualité d’usage ne soit pas optimale. Les autres applications du panel présentent toutes des obstacles bloquants pour ce mode d’utilisation.
Gestion des contrastes et tailles des textes – Seules 4 des 6 applications de rencontre étudiées répercutent les réglages utilisateur de taille des textes et seuls 2 proposent des contrastes suffisants.
En dernier lieu, Access First a évalué la gestion des contrastes et de la taille des textes sur les différentes applications. Les appareils mobiles proposent en effet des fonctionnalités avancées de personnalisation de l’affichage des textes, ce qui peut s’avérer indispensable à certaines personnes pour la consultation sur petit écran. Pour être effectif cependant, ce réglage doit être correctement pris en compte par les applications. Les choix de couleurs des textes sont également déterminants pour une bonne lisibilité, en particulier pour les personnes avec une déficience visuelle.
Au final, parmi les 6 applications étudiées, 4 d’entre elles (Fruitz, Happn, Meetic et Tinder) répercutent les réglages utilisateur concernant la taille des textes, quoique de manière imparfaite. Aucune ne les prend en compte complètement. On constate par ailleurs des contrastes insuffisants sur 4 des applications étudiées (Bumble, Fruitz, Happn et Tinder).
L’accessibilité au regard du handicap ne semble pas être une préoccupation pour les éditeurs d’applications de rencontres
C’est ainsi, en s’appuyant sur les résultats obtenus à partir de ces quatre grands critères, qu'Access First se retrouve forcée de constater « que l’accessibilité ne semble pas être une préoccupation » pour les éditeurs d’applications de rencontres : pas d’information sur leur accessibilité, et pratiquement pas de prise en compte des usages alternatifs (clavier et assimilés, lecteur d’écran, aménagements visuels). Access First souligne toutefois qu’une seule application (Meetic) obtient deux évaluations « moyennes », quatre (Adopte, Fruitz, Happn et Tinder) n’en obtiennent qu’une, et Bumble n’en obtient aucune. Aucune de ces applications n’est donc satisfaisante sur au moins l’un des quatre critères retenus.
« Sur le plan technique, les systèmes iOS et Android offrent aux développeurs d’applications tout l’arsenal permettant un accès égalitaire pour tous les utilisateurs et utilisatrices de mobiles. L’obstacle n’est donc pas technologique. On peut en revanche s’interroger sur le fait que les éditeurs de ces services aient pris en considération les personnes en situation de handicap qui utilisent – ou voudraient utiliser – leurs services en toute autonomie, commente Olivier NOURRY, Cofondateur de Be Player One et Chief Accessibility Officer Access First. Une personne handicapée est pourtant tout autant susceptible qu’une autre d’utiliser des applications de rencontre. Avoir une vie sentimentale et amoureuse et vivre sa sexualité sont des aspirations communes, et l’inaccessibilité ne devrait pas y être un frein. Les personnes handicapées sont, de fait et malheureusement, confrontées à des préjugés négatifs, sans parler des tabous autour de leur sexualité et de leur vie amoureuse. Dans ce contexte, au lieu d’être un obstacle supplémentaire, les applications de rencontre devraient aider toutes et tous, sans distinction, à participer au grand jeu de la séduction, et pourquoi pas, à trouver l’âme sœur…».
Pour consulter l’intégralité de l’enquête, rendez-vous ici : https://www.access-first.fr/etude-accessibilite-dapplications-de-rencontre
Lien de l'article : https://handirect.fr/applications-de-rencontres-et-handicap-une-accessibilite-relative/